Je désire porter à l’attention du public un article
paru à la Gazette des femmes du 24 novembre 2011 par la
journaliste Melina Shoenborn. L’article en question dressait à l’époque un
portrait de l’organisme Ton avenir en main, un organisme canadien
(qui a aussi une section anglophone Seize your future) qui offre des ateliers
conçus pour aider et je cite « les jeunes femmes de secondaire 4 et 5 à
développer leurs talents de leadership et à acquérir des habiletés d’influences
et d’innovation pour devenir des leaders de demain. » Le but de
l’organisme est tout à fait noble.
Toutefois la
journaliste a oublié de mentionner un élément d’information très important pour
les lecteurs et les lectrices de la Gazette des femmes et le public en
général. Il est important de dire que la fondatrice de Ton avenir en main
Mme Gladys Daoud a fait une entrevue en 2011 à la Gazette des femmes en
faisant mention des liens de Ton avenir en main avec l'Association
pour le développement socioculturel de la femme. Dans l’article on
dit même précisément que « TAM reçoit le soutien financier de l'Association
pour le développement socioculturel de la femme ». De quelle nature
sont ces liens et qu’elle est cette association ?
Rectification de la Gazette des femmes
Après des
vérifications d’usages de la part de la Gazette des femmes, une rectification plus récente affirme
ouvertement que l’ADSF qui finance étroitement TAM est sous le
contrôle d’une « institution catholique controversée » : l’Opus
Dei.
La Gazette
des femmes a bien fait de faire cette rectification car c’est bel et bien
vrai. Il s'avère -selon une recherche attentive très simple grâce à des
documents que l’on peut facilement consulter sur Google - que l'organisme est
sous l'influence discrète de l'Opus Dei par l'intermédiaire du groupe féminin
l'Association pour le développement socioculturel de la femme. L’ADSF
est lié à l’Opus Dei. Voici comment.
Si l’on
scrute attentivement des documents officiels de l’organisme Ton
avenir en main, on indique que les dons que l'on fait à Ton Avenir en
main doit être fait à l’ordre de l'Association pour le
développement socioculturel de la femme. Il est ironique de
dire comme le soutient la directrice générale de Ton avenir en
main que « TAM n’a aucun lien avec l’Opus Dei » puisqu’un
journaliste, Michel Legault du magazine l’Actualité, révélait déjà en
1993 une liste de 24 organismes dont fait partie l’ADSF qui, « bien
que n’appartenant pas officiellement l’Opus, sont contrôlés par ses membres et
servent les fins de l’œuvre (Michel Legault, l’Actualité, no.
vol : 18 no 5, avril 1993, p.24) » .
Il faut le
préciser tout de suite. TAM n’anime pas d’activité spirituelle ou religieuse
dans le cadre de ses activités. Par contre, son infrastructure est sous le
contrôle de membres et amis de l’Opus Dei.
Autre fait
qui corrobore mon propos. Mme Sonia Mata est impliqué étroitement à Ton
avenir en main. Sur le site de Ton avenir en main, il est fait
mention que Mme Mata est actuellement consultante pour le bénéfice de la Fondation
pour la culture et l’éducation (F.C.E.).
Or
F.C.E. est un organisme de charité de l’Opus Dei. Mme Mata est
aussi associée directement à l’Opus Dei comme administratrice.
Plusieurs
personnes de l’Opus Dei ou proche de l’Opus Dei ont été associés à Ton
avenir en main. Un exemple éloquent. Mme
Marie-Laure Barron a déjà été associé à Ton avenir en main.
Or, si l’on fait les vérifications d’usages, elle est la fille de l'ancienne
candidate conservatrice Nicole Charbonneau Baron qui elle est membre de l'Opus
Dei.
Une mention
de Nicole Charbonneau Barron et de sa fille Marie-Laure Barron est décrite sur
le site de CBC.
Voici aussi
pour le bénéfice de mes lecteurs et lectrices une liste des administrateurs de l'Associationpour le développement
socioculturel de la femme. Manifestement ce sont tous des membres de
l'Opus Dei et qui relève de son infrastructure discrète. La plus connue étant
Mme…Catherine Ferrier. TAM n’a aucun lien d’influence avec l’Opus Dei ?
Il ne faut
pas oublier non plus que Condition féminine Canada a déjà octroyer une
importante subvention pour le bénéfice de l’Association pour le
développement socioculturel de la femme dans le but et je cite
« d’aider des jeunes filles de 15 à 17 ans en réalisant un programme
unique et novateur de leadership interactif. Des ateliers de formation et des outils mis à leur
disposition leur permettront de développer leurs talents en leadership et
d’acquérir des habiletés d’influence et d’innovation » (…)
Cette définition est presque un décalque des objectifs de Ton avenir en main. À moins bien sûr que l'Association pour le développement socio-culturel de la femme soit discrètement derrière Ton avenir en main sans que personne l'affirme ouvertement en rendant la chose publique. Manifestement, la chose est maintenant publique.
Cette définition est presque un décalque des objectifs de Ton avenir en main. À moins bien sûr que l'Association pour le développement socio-culturel de la femme soit discrètement derrière Ton avenir en main sans que personne l'affirme ouvertement en rendant la chose publique. Manifestement, la chose est maintenant publique.
Ce n’est pas
tout. En investiguant plus en profondeur, d’autres éléments sont à considérer
pour donner un portrait plus juste de la situation.
Seize your
future
L’Association
Neeje pour la femme et la famille associée au pendant anglophone Seize
your future est de plus associée à l’Opus Dei par l’intermédiaire de la résidence
universitaire Valrideau qui est officiellement lié à l’Opus Dei.
Sur le site
de Neej, on indique presque mot à mot les mêmes paramètres que TAM sur le
leadership des jeunes femmes avec une petite distinction
religieuse sur le thème « la messe dans votre vie ».
Selon des
documents du site de l’Agence de revenu du Canada, la
présidente de Neeje pour la femme et la famille, Mme Eleanor Warren est
ouvertement une administratrice de Neeje et très active pour le bénéfice de l’Opus Dei. Le site
internet de l’Opus Dei en témoigne publiquement.
De plus on indique que Seize your
future utilise le local de la Fondation Jeanne Sauvé pour certaines activités.
Mme Michelin
Lagman est une autre activiste particulièrement efficace du côté du réseau
anglophone. Active un temps pour le pendant anglophone de Ton
avenir en main - Seize your future-, Mme Lagman est actuellement directrice
de la résidence Valrideau à Ottawa lié comme nous venons de le voir
à l’Opus Dei. Mme Lagman est aussi active pour le compte de la Work Family
Foundation Canada, un regroupement idéologiquement très conservateur
qui fait la promotion des valeurs familiales traditionnelles en milieu
d’entreprises et dans le monde du travail en général.
De plus, une
personne clé toujours au sein de la Work Family Foundation Canada, Mme Eloise
Cataudella a un parcours significatif à connaître. Créatrice à ses débuts de
l’International Center for Work and Family en Espagne pour le compte de la IESE Business School,
une prestigieuse école des affaires lié l’Opus Dei par l’intermédiaire de
l’Université de Navarre, Mme Cataudella est actuellement
au niveau des communications stratégiques pour le compte de l’Institute
of Marriage and Family Canada, un organisme conservateur.
***
En scrutant très attentivement comme
nous venons de le voir les membres féminins de l’Opus Dei, on peut tout de
suite y dégager la réflexion suivante.
L’image machiste des années 50 qui
colle encore à l’Opus Dei reste à briser car elle est aujourd’hui sur certains
aspects largement surfaite. Dorénavant, il faudra regarder le monde des femmes
de l’Opus Dei avec plus de nuance, plus de circonspection, d’exigence et
d’analyse systémique. Il existe toute une « diversité des classes de
femmes » dans l’Opus Dei. Les regroupements de femmes de l’Opus Dei
resteraient davantage à être étudier dans les départements universitaires
d’études féministes pour élucider et comprendre cette « vocation
féminine » aux multiples registres et statuts : numéraires,
numéraires auxiliaires, surnuméraires, coopératrices, etc. N’oublions pas que
moins de 10% des femmes dans l’Opus Dei sont des numéraires auxiliaires qui
s’occupent des tâches ménages dans les centres de l’Opus Dei. Selon le
journaliste John L. Allen « la grande majorité des autres sont des
surnuméraires, ce qui signifie qu’elles sont souvent mères en plus d’être
médecins, avocates, journalistes, professeurs d’université ». (Opus Dei,
John L. Allen, édition Stanké, 2006, p.236). Et j’ajouterais de mon côté, femme
opusienne chef d’entreprise.
Celle de la femme au foyer ou de la
femme de ménage est seulement une mince composante de cette diversité féminine.
Celles qui ont de nombreux enfants n’ont pas toujours une absence de diplôme,
de connaissance ou de compétence pour gravir les échelons ou les centres
névralgiques du pouvoir. Bien au contraire. C’est ce que j’ai tenté d’expliquer
par ce texte.
***
Voici en
annexe un article du journaliste Michel Legault où il est fait mention que l'Association
pour le développement socioculturel de la femme est un organisme
sous le contrôle de membres féminins de l'Opus Dei. Après cet article, une
plainte d’un représentant de l’Opus Dei a été remise au Conseil de presse pour
manquement au code de déontologie. La plainte a toutefois été jugé globalement
irrecevable par le Conseil de presse.
Le Conseil de presse estimait en 1993 que
« le journaliste était en droit de publier le nom de certaines personnes
influentes, dans la mesure où ces informations sont d'intérêt public ».
+ + +
L'Actualité,
no. Vol: 18 No: 5
1 avril
1993, p. 24
Église
Opus Dei ou
Octopus Dei ?
Legault,
Michel
La phalange
du pape utilise toutes les armes, y compris la « sainte coercition » dans sa
discrète conquête du pouvoir. Église dans l'Église, elle choisit ses
missionnaires parmi l'élite.
A 6 h 30,
Robert saute du lit et baise le sol de sa cellule en murmurant « Serviam,
serviam » (Je suis votre serviteur). Ses ablutions faites, il s'habille et
assiste à la messe en latin dans la chapelle. Puis il se rend à son cabinet
d'avocat.
Robert est
membre de l'Opus Dei (Oeuvre de Dieu, en latin), une organisation catholique
qui regroupe 79 000 laïcs et 1500 prêtres dans une cinquantaine de pays, dont
550 laïcs et 12 prêtres au Canada. La mission de l'Opus Dei : inciter les
catholiques à vivre totalement leur foi.
Ses méthodes
ne font pas l'unanimité, c'est le moins qu'on puisse dire. D'ex-membres, mais
aussi des autorités religieuses, l'accusent d'infiltrer les centres
névralgiques de la société pour imposer en secret une idéologie ultraconservatrice.
On l'a même qualifiée d'Octopus Dei.
Peu avant la
béatification du fondateur Josemaria Escriva de Balaguer en mai 1992, l'abbé
Jacques Trouslard, spécialiste de l'épiscopat français sur les groupes
sectaires, après 10 ans de recherches, comparait l'Opus Dei à la secte Moon. Le
père James LeBar, de l'archevêché de New York, dit que « l'Oeuvre a des
tendances de secte. Elle fonctionne encore comme si on était en 1950, selon une
spiritualité d'avant Vatican II. »
En Espagne,
le Centre de réinsertion, orientation et assistance aux membres des sectes a
dénoncé le prosélytisme et le fanatisme des membres de l'Opus, ainsi que le
goût de l'organisme pour le secret. Le Centre, qui a eu à « déprogrammer »
d'ex-membres de l'Opus, a présenté en 1982 quelques témoignages, comme ceux
d'adeptes qui furent recrutés à 14 ans, et d'autres qui ont été expulsés parce
qu'ils avaient voté pour le parti socialiste.
Le
théologien Hans Urs von Balthasar voyait en 1963 dans l'Opus Dei « la plus
forte concentration intégriste dans l'Église ». En 1979, au début du règne de
Jean-Paul II, Radio-Vatican affirmait qu'il serait « vain de nier que l'Opus
Dei possède, en bien des pays, une grande influence dans les domaines
politique, économique et culturel ».
L'Opus Dei,
qui nie avec véhémence toutes ces accusations, jouit de la protection du pape
Jean-Paul II depuis son élection, en 1978 (voir encadré).
Au Canada,
l'Oeuvre de Dieu inc./Work of God Inc. a son siège social à Montréal, où
habitent 90 % de ses 550 membres. L'Opus Dei a toujours refusé de rendre
publique l'identité de ses adhérents. Mais grâce à une minutieuse enquête, L'actualité
a retracé 170 membres ou sympathisants, et a identifié au Québec 24 organismes
affiliés.
L'archevêque
de Montréal, Mgr Jean-Claude Turcotte, a peu de contacts avec l'Opus Dei. Il
dit entretenir de bons rapports avec l'organisme, mais il le trouve élitiste et
conservateur, le comparant à l'Action catholique des années 50. « Leur présence
dans le milieu ouvrier est assez mince », dit-il. Aussi, « quand ils ont
demandé un diocèse, en 1989, on a placé un de leurs prêtres, André Blais, dans
une paroisse populaire, Saint-Ambroise, à Rosemont ».
En 1957,
deux prêtres espagnols de l'Opus Dei, Jose Muzquiz et Juan Martin, débarquent à
Montréal. Ils s'installent au 5643, rue Plantagenet, près de l'Université de
Montréal, où ils fondent une résidence pour étudiants. En avril 1958, l'Oeuvre
de Dieu, une société sans but lucratif visant « à favoriser le développement
religieux et culturel des hommes et des femmes », voit le jour. L'organisme
s'établit ensuite à Québec en 1964, à Toronto en 1981, à Ottawa en 1986, et
tente actuellement de s'implanter à Vancouver.
Mgr Norbert
Lacoste est sollicité par l'Opus Dei dès 1957. Il est alors directeur du
département de sociologie de l'Université de Montréal. Séduit, il adhère en
1960 à la Société sacerdotale de la Sainte-Croix, la section de l'Opus Dei pour
les prêtres. Lorsqu'en 1987 il sera publiquement associé à l'organisme par le
Mouvement laïque québécois - qui milite en faveur de l'école laïque -, Mgr
Lacoste admettra tout au plus, dans une lettre ouverte, avoir « connu les
premiers membres de l'Opus Dei et apprécié leur spiritualité ».
En 1965, Mgr
Lacoste est l'un des artisans de la commission d'enquête Parent sur la réforme
de l'éducation et contribue notamment à la création du Conseil scolaire de
l'île de Montréal, où il siégera. Il suggère alors la création de commissions
scolaires linguistiques, une idée qu'il regrettera par la suite. Il est ensuite
élu commissaire à la Commission des écoles catholiques de Montréal (CECM) de
1973 à 1986 sous la bannière du Mouvement scolaire confessionnel, un organisme
catholique qu'il qualifie d'« intégriste ». De 1980 à 1986, il fait partie de
l'équipe de Michel Pallascio, alors président de la CECM. Mgr Lacoste dit ne
pas avoir recruté Pallascio : « C'est plus tard que j'ai su qu'il était membre
de l'Oeuvre. »
Mgr Lacoste
affirme que ses activités dans le milieu de l'éducation n'ont rien à voir avec
son engagement au sein de l'organisme : « Les gens s'imaginent que l'objectif
de l'Opus Dei est de prendre le pouvoir; c'est l'ancien raisonnement de
l'Action catholique ! »
Michel
Pallascio, lui, a marqué ses six ans à la tête de la CECM par son opposition acharnée
à la déconfessionnalisation des écoles. Sous sa présidence, la CECM s'est
opposée aux cours d'éducation sexuelle et à une campagne contre le sida. La
suggestion de Pallascio que le gouvernement n'accepte que des immigrants
judéo-chrétiens a sans doute contribué à sa défaite personnelle aux élections
scolaires de novembre 1990. (Pallascio préside toujours le Regroupement
scolaire confessionnel, au pouvoir à la CECM malgré la défaite de son chef, et
soutenu par le Mouvement scolaire confessionnel.)
A l'Opus
Dei, on nie que Pallascio soit un membre. « C'est un sympathisant qui requiert
de la direction spirituelle depuis deux ans et qui assiste aux cours », dit un
dirigeant, l'abbé Escribano. Le principal intéressé, qui n'avait jamais révélé
ses liens avec l'OEuvre avant aujourd'hui, « croyait » être membre mais n'en
est plus sûr... Il dit de toute façon n'avoir connu l'Opus Dei que peu avant
les élections scolaires de 1990. C'est Louis Haeck, un collègue de
l'Association des juristes catholiques du Québec (AJCQ) et membre de l'Opus
Dei, qui l'a initié.
Haeck est
conseiller juridique pour l'IATA, l'Association internationale des
transporteurs aériens. Avec Pallascio, il est l'un des sept qui ont fondé en
1981 l'AJCQ, un organisme dont les objectifs, même s'ils ont changé en cours de
route, épousent de près ceux de l'Opus Dei. Les cinq autres fondateurs sont les
juges Marcel Trahan, Jacques Trahan et Réjeane Colas, le maire d'Outremont Me
Jean Pomminville, ainsi que Me Émile Colas. Me Colas est l'avocat-conseil de
Laissons-les vivre, un mouvement contre l'avortement dirigé par le trésorier de
l'AJCQ, Me André Morais. Même s'ils connaissent l'Opus Dei, Me Colas et Morais
disent ne pas en être membres : « Je ne fais pas partie de sociétés secrètes »,
dit Me Colas.
Le président
de l'AJCQ, Me Alexandre Khouzam, fréquente l'Opus Dei depuis 15 ans mais
affirme lui aussi ne pas en être membre. L'actualité a découvert qu'il
représente toutefois la Fondation pour la culture et l'éducation, un organisme
affilié à l'Opus, dans sa tentative pour faire modifier le zonage afin
d'agrandir Montboisé, une résidence pour étudiantes près de l'Université de
Montréal. L'AJCQ compte cependant un autre membre déclaré de l'Opus Dei :
Ernest Caparros. Juriste renommé internationalement et professeur à
l'Université d'Ottawa, Me Caparros est l'un des leaders de l'organisme au
Canada.
Les membres
de l'Opus Dei font souvent partie de mouvements contre l'avortement sans
révéler leurs liens avec l'Oeuvre. Au Québec, on compte une demi-douzaine de
médecins dans l'Opus, dont le Dr André Allaire de Drummondville, où il est bien
connu, qui a milité avec succès contre l'ouverture d'un service d'avortement
subventionné à l'hôpital de cette ville.
De l'aveu de
son président, Me André Morais, « Laissons-les vivre a des liens très étroits
avec Campagne Québec-Vie », un organisme de lobby politique antiavortement
dirigé depuis 1988 par Gilles Grondin, un diplomate à la retraite. Lors des
élections fédérales de 1988, ce groupement a fait campagne en faveur des
députés contre l'avortement. En 1990, Campagne Québec-Vie a invité le
généticien Jérôme Lejeune, qui a fondé en France un organisme contre
l'avortement, Laissez-les vivre, à venir défendre le point de vue provie à la
commission parlementaire chargée d'étudier le projet de loi C-43 sur
l'avortement.
Joint à son
bureau de Paris, Jérôme Lejeune, un chercheur français de renommée
internationale qui a découvert l'origine du mongolisme, se défend d'être membre
mais « trouve remarquable ce que fait l'Opus Dei ». Sa fille et son gendre en
sont membres et lui-même a reçu un doctorat honoris causa des mains
d'Escriva. Lejeune effectue régulièrement des séjours au Québec depuis 1958.
L'Opus Dei
courtise l'élite d'aujourd'hui et surtout de demain. Les recrues de choix sont
d'abord les étudiants, parce qu'ils sont appelés à « prendre la direction des
autres professions et qu'ils sont mieux placés pour donner une formation
totale, doctrinale et humaine à tous les autres », dit le vicaire régional de l'Opus
pour le Canada, l'abbé Gregory Haddock.
Aux
universités Laval, McGill, Concordia, d'Ottawa, de Montréal et à l'UQAM, comme
dans 479 autres universités à travers le monde, l'Opus peut, selon
d'ex-membres, compter sur un réseau de professeurs vigilants à trouver la crème
de la crème. Lorsqu'ils identifient une recrue potentielle, ils l'invitent à
une conférence ou à un séminaire, généralement sur « l'étude et les débouchés
sur le marché du travail », dans un centre ou une résidence de l'Opus Dei, sans
que le nom de l'organisme ne soit mentionné. C'est d'ailleurs arrivé au fils du
président de la Commission d'accès à l'information, Paul-André Comeau, lors
d'un stage à l'Université Louvain-la-Neuve.
Tous les
centres culturels et les résidences ont une chapelle où les prêtres de l'Oeuvre
vont dire la messe. Dans ces endroits, la seule mention de l'organisme est
généralement cette inscription, au verso des dépliants : « Les activités de
formation spirituelle qui y sont offertes relèvent de la prélature Opus Dei. »
Les dirigeants de l'Opus Dei nient toute responsabilité quant aux activités qui
s'y déroulent. « Il s'agit d'initiatives de membres », dit l'abbé Haddock.
Pourtant, les statuts internes de l'Opus mentionnent que ces organismes sont
soumis à son autorité.
L'actualité
a recensé au Québec 24 organismes qui, bien que n'appartenant pas
officiellement à l'Opus, sont contrôlés par ses membres et servent les fins de
l'Oeuvre. Outre la
Fondation pour la culture et l'éducation, on compte la Fondation Antarès pour
la coopération internationale, le Manoir de Beaujeu, la Livrethèque, l'Institut
pour le développement de la famille, la Corporation Thacar inc., la
Tour-des-Pins, le Centre Piedmont, la Résidence Piedmont, le Centre Haratan,
l'Association Haratan, le Centre Riverview, la Résidence Riverview, la
Résidence Montboisé, le Club Pharillon, la Résidence Pharillon, le Centre
culturel La Rocaille, l'Association pour le développement socioculturel de
la femme, le Centre l'Essor de Montréal, le Centre culturel Trimar,
l'Association des parents et amis de Trimar, le Centre de formation en
hébergement Le Bocage, Prêtres du 21e siècle (fondation) et le Club Ganunda.
A ces
institutions il faut ajouter : un immeuble de 10 logements au 2131-2152, de la
Visitation à Montréal. Acheté en 1987 au coût de 335 000 dollars par deux
numéraires, Roderick Macdonald et Anthony Schratz (ce dernier agissant pour
deux Espagnols vivant en Amérique du Sud), puis racheté par Macdonald en
janvier 1991. L'immeuble, en pleine rénovation cet hiver, rapporte 40 000
dollars par an. En vertu de leur engagement de pauvreté, les numéraires
remettent leurs revenus à l'Opus Dei.
Depuis plus
de 10 ans, la Fondation pour la culture et l'éducation déclare parmi ses actifs
un immeuble fantôme, le 2973, rue Fendall à Montréal, dont la valeur actuelle
serait de 157 251 dollars. Or à la Ville cette adresse est inexistante.
L'Opus Dei compte
quatre centres en Ontario : deux à Toronto (Ullerston Study Center et Lancemore
Cultural Centre), et deux à Ottawa (Parkhill Center et Valrideau). Dans cette
province, l'Opus Dei agit sous le nom de Wellspring Cultural Foundation.
A la
résidence Riverview, avenue du Musée, près de l'Université McGill, le
responsable, David Zillioli, m'explique qu'on n'accepte que les étudiants qui
ont des notes élevées, et qui entendent participer à la « vie familiale » du
centre, c'est-à-dire aux activités de l'OEuvre. Pour 580 dollars par mois,
chaque pensionnaire est nourri et logé, et son alimentation spirituelle est
assurée.
On lui
propose continuellement des séminaires sur la morale, l'éthique, les lois
naturelles, des sorties et des voyages. On l'incite à participer à des
récollections, sortes de réunions de groupe où se pratique le « love-bombing »,
une technique de pression affective : la recrue est entourée d'affection,
cajolée, valorisée, encouragée à se livrer.
L'Opus Dei
recherche les professions libérales, avocats, médecins, ingénieurs ou
universitaires. « Les personnes bien éduquées ont la capacité d'avoir plus
d'influence dans la société », explique l'abbé Haddock. « Si tu occupes un
poste officiel, tu as les droits et aussi les devoirs qui découlent de cette
charge », et « le prestige professionnel est précisément ton "hameçon de
pêcheur d'hommes" », dit une maxime d'Escriva tirée de son livre Chemin.
L'Opus
influence-t-elle la vie professionnelle de ses membres ? « Leurs décisions leur
appartiennent, dit l'abbé Haddock. Mais l'Opus Dei souhaite qu'ils appliquent
les principes moraux qu'ils ont appris. »
Les membres
sont tenus de pratiquer ce qu'Escriva appelait « l'apostolat de la confidence
», c'est-à-dire de recruter parmi leurs amis ceux dont l'âme est le plus digne
d'être sauvée. « C'est pour l'apostolat que les gens s'engagent chez nous »,
dit l'abbé Haddock.
D'ex-membres,
comme le Britannique John Roche et Maria del Carmen Tapia, qui fut responsable
de la section des femmes de l'Opus au Venezuela, ont accusé l'organisme de
pratiquer l'intimidation et la manipulation pour parvenir à ses fins. Le
fondateur encourage ses membres à utiliser les grands moyens si la douceur ne
suffit pas. Dans Vocation, un manuel de recrutement, on peut lire : « Il
est des moments où l'homme résiste à l'appel de Dieu... face aux obstinés il y
a une obligation de porter cette sainte assistance, c'est là une tâche que
nous, membres de l'Opus Dei, avons l'obligation d'accomplir... Cette sainte
coercition est nécessaire ».
L'Oeuvre dit
ne pratiquer que les enseignements de l'Église, mais nombre de catholiques ne
pourraient en être membres, car la liste des exigences est longue : il ne faut
pas être divorcé, ne pas vivre en concubinage, ne pas être homosexuel ou
franc-maçon, ne pas utiliser de contraceptif, avoir un emploi honorable,
connaître et honorer les sacrements, etc. Pas de place non plus pour la
critique : « Obéir... L'unique chemin. Dans une Oeuvre de Dieu, l'esprit doit
être : obéir ou s'en aller », écrit le fondateur.
Il existe
plusieurs catégories de membres, selon le degré d'engagement : numéraires,
surnuméraires, coopérateurs et prêtres. Les « numéraires » sont l'élite. Ils
ont une instruction poussée et s'engagent au célibat. A l'instar du fondateur,
réputé pour ses flagellations spectaculaires, certains numéraires s'imposent
des mortifications. Ils travaillent souvent dans le monde mais vivent dans un
centre et versent tout leur salaire à l'organisme. C'est le cas de Joseph
Atkinson, chercheur chez le fabricant de médicaments Merck Frosst, de Patrick
Duffley, professeur de linguistique à l'Université Laval, de Roderick
Macdonald, professeur de sciences de la gestion à l'Université du Québec à
Montréal. D'autres professionnels, comme Me Anthony Schratz, ont quitté leur
emploi et travaillent à temps plein pour l'organisme.
Depuis 1943,
l'Opus Dei ordonne ses propres prêtres, choisis parmi les numéraires les plus
dévoués. Les prêtres occupent les postes clés. On en compte aujourd'hui une
douzaine au Québec et 60 aux États-Unis.
L'OEuvre
compte surtout des « surnuméraires », des membres mariés qui contribuent dans
une moindre mesure. Richard Bastien, économiste et chef de la division de la
dette internationale au ministère des Finances, à Ottawa, est surnuméraire. Il
publie des lettres dans les journaux sur des questions de foi et de morale sans
mentionner son appartenance à l'Opus Dei (voir Le Devoir, 16 mai 1992,
B10).
« Les
membres mariés ont le devoir de faire le plus d'enfants possible afin
d'augmenter le nombre de vocations », dit souvent Mgr Alvaro del Portillo, le
prélat de l'Opus Dei. Plusieurs ont de nombreux enfants, comme le Dr Normand
Lussier, de Saint-Laurent, membre depuis 1974 et président de Ganunda (un club
de loisirs et d'enseignement spirituel pour enfants et adolescents), qui en a
huit.
Enfin, les «
coopérateurs », qui ne sont pas membres, fournissent une aide occasionnelle et
essentiellement financière.
Il faut
jusqu'à sept ans pour être déclaré membre à vie. L'aspirant, qui renouvelle son
engagement chaque année, doit accepter un plan de vie rigoureux. Par exemple,
on l'encourage à pratiquer l'abstinence sexuelle. Il doit se confesser à un
prêtre de l'Opus Dei et se confier à un directeur spirituel. Chaque mois a lieu
une récollection et il faut faire chaque année une retraite plus longue.
Recrute-t-on
des membres avant leur majorité ? « Nous préférons parler de
"formation" », dit l'abbé Haddock, qui admet que cette formation peut
commencer « à n'importe quel âge ». Les règlements de l'Opus Dei stipulent que
des enfants de 14 ans et demi peuvent solliciter leur adhésion officieuse. On a
souvent reproché à l'Opus Dei d'inciter des enfants à cacher cette adhésion à
leurs parents. « Quand vous avez une fiancée, vous ne le dites pas tout de
suite à vos parents », expliquent des dirigeants.
A Montréal,
deux centres travaillent auprès des mineurs : Piedmont et Pharillon. Le centre
Piedmont, rue Plantagenet, organise des sorties, des camps d'été, des tournois
de pêche pour les garçons de 11 ans et plus. Le club Pharillon, au 5900, chemin
Hudson, organise depuis 1977 diverses activités pour les adolescentes qui
veulent « développer leur personnalité, apprendre à partager, à donner »...
L'Opus Dei canadien
dit ne subsister que grâce aux contributions de ses membres et sympathisants.
L'actif atteint sept millions de dollars. L'organisme possède, par ses
fondations, deux centres à Ottawa, deux à Toronto, et une dizaine au Québec. La
plupart des immeubles appartiennent à deux fondations dirigées par des laïcs :
la Fondation pour la culture et l'éducation, et l'Association pour le
développement socioculturel de la femme. A Sainte-Foy, l'Association des
parents et amis de Trimar, pour les femmes, et l'Association Haratan, pour les
hommes, possèdent et gèrent chacun un centre.
Ces
résidences sont souvent somptueuses. Au Québec, l'Oeuvre de Dieu et la
Fondation pour la culture et l'éducation siègent au 3614, avenue du Musée,
juste à côté de la résidence d'étudiants Riverview, dans le « mille carré doré
», à flanc de montagne.
Mais le
quartier général de l'Oeuvre au Canada, le vrai siège social, est aux 1374 et
1380, avenue des Pins ouest, à quelques pas de chez Pierre Elliott Trudeau. La
résidence (deux édifices contigus) a été acquise des soeurs de la
Sainte-Famille au coût de 450 000 dollars par la Fondation pour la culture et
l'éducation en juillet 1983. De style néo-mauresque, elle tient plus du club
privé que du presbytère. Sur huit étages, des prêtres en robe noire et col
romain vont et viennent au milieu des pièces richement décorées, rehaussées de
boiseries et de meubles de style. On célèbre la messe tous les jours dans une
chapelle, en latin entre membres, en français quand un étranger est présent. A
l'entrée, une croix noire appelle chacun à « imiter le Christ et à se sacrifier
pour l'Oeuvre ».
La plus
grande partie de l'immeuble est interdite aux visiteurs. Fernando Mignone,
porte-parole de l'Opus, justifie ainsi sa politique : « IBM aussi refuserait de
vous laisser visiter ses lieux de travail. »
La Fondation
pour la culture et l'éducation possède aussi, non loin de là, au 1242, Redpath
Crescent, une autre demeure prestigieuse : la maison Deakin, du nom de son
bâtisseur, qui a érigé de nombreux édifices publics. Elle sert de résidence aux
numéraires féminines.
La Fondation
possède en outre le Manoir de Beaujeu, à Côteau-du-Lac sur les rives du
Saint-Laurent, qui sert de centre de congrès. Ce luxueux manoir seigneurial
datant de 1807 a été construit sur un grand domaine. Le Manoir a une annexe, le
pavillon Soulanges, où habitent les femmes, dont le rôle est de servir les
résidents. On a érigé une haute clôture en bois sur toute la longueur du
domaine pour s'assurer qu'hommes et femmes ne se verront pas.
Dans les
centres et les résidences, les femmes s'occupent de l'administration courante,
font la cuisine, le ménage, etc. L'Opus a créé la corporation Thacar, au 4453,
Beaubien est à Montréal, pour assurer ces services, sauf au Manoir de Beaujeu.
Les femmes
ont accès au même enseignement spirituel et doctrinal que les hommes, mais
évidemment pas à la prêtrise; elles disposent d'une organisation autonome et
leurs centres sont généralement moins luxueux. Selon le fondateur, les femmes
n'ont pas besoin d'être savantes : il leur suffit d'être sensées (Chemin,
946).
L'Opus Dei
est très active dans les milieux d'affaires, comme l'écrivait Jean-Claude
Leclerc dans Le Devoir, en 1987 : « Le recrutement de l'Opus Dei dans
les milieux bancaires a valu à ses membres et à l'Oeuvre une réputation de
puissance financière qu'aucun voeux de pauvreté n'a su dissiper à ce jour. »
Deux auteurs français, Jean Duflot et Jacques Kermoal, avancent que ses membres
dirigent 300 banques à travers le monde.
Roger
Miller, ingénieur et enseignant, fondateur associé de Secor, une firme-conseil en
gestion, est surnuméraire de l'Oeuvre depuis 10 ans. Son cheminement est
typique. Il a fait la connaissance de l'Oeuvre en 1980 par l'Institut pour le
développement de la famille, dont la section française est dirigée par
Louis-Marie St-Maurice. Cette rencontre, dit-il, a changé sa vie.
Miller va à
la messe et dit son chapelet tous les jours, malgré son horaire chargé et de
fréquents voyages à l'étranger. Comme beaucoup de membres, il tient les
catholiques ordinaires en piètre estime : « Il y en a qui vont à la messe le
dimanche mais qui ne connaissent rien aux sacrements ou à la doctrine de
l'Église. On peut se dire "c'est qui ces imbéciles-là ? !" Si on leur
demandait de nommer les vertus théologales ils en seraient incapables. C'est
affreux ! »
L'exemple
vient de haut. Au cours d'une conférence à Montréal en 1988, le prélat de
l'Opus Dei, Mgr del Portillo, disait que les gens sans formation religieuse
devraient s'abstenir d'avoir des opinions religieuses.
Roger Miller
est allé à Rome à l'invitation du prélat en 1990. Les dirigeants de l'Oeuvre
ont fait forte impression à cet homme d'affaires : « Je me suis aperçu que les
entrepreneurs ne sont pas tous dans le monde des affaires. J'avais devant moi
les entrepreneurs du Bon Dieu ! » raconte-t-il.
En 1986, il
fondait avec Jacques Labrèche, vice-président de la Banque de Montréal, un
groupe de discussion sélect dans lequel les femmes ne sont pas admises. Jusqu'à
l'an dernier, des réunions ont eu lieu dans la salle du conseil de la Banque de
Montréal. L'abbé Jose Escribano, un dirigeant de l'Opus, y donnait des cours
sur la valeur des différents systèmes politiques à des hommes d'affaires, des
professionnels et des cadres d'entreprise. Depuis 1992, les cours sont donnés
au Club Saint-Denis. Ils portent cette année sur « les fondements de l'agir
humain, les conceptions anthropologiques et les valeurs essentielles ».
L'actualité a pu assister à une de ces rencontres. Pendant une
heure ce matin-là, une quinzaine de professionnels ont écouté le père Escribano
énoncer les principes qu'ils doivent suivre pour être sauvés.
L'abbé
Escribano, au Québec depuis 34 ans, a été le premier vicaire régional de l'Opus
Dei pour le Canada, de 1958 à 1965. D'origine espagnole, docteur en médecine et
en droit canon, petit mais costaud, le visage enjoué, il a subjugué son
auditoire : « Une morale sans Dieu n'existe pas. La foi ne s'oppose jamais à la
raison. La foi, c'est la connaissance par la confiance en l'autorité. » Autre
affirmation, que l'assemblée recueille sans sourciller : « La pilule est
naturelle, comme le sont le couteau et la mitraillette... »
En entrevue,
il me dit que l'Opus Dei, qui possède une école de journalisme dans son
université de Navarre, à Pampelune, compte des membres chez les journalistes
québécois et que, si je le voulais, je pourrais jouer un rôle auprès de mes
collègues.
Ces
journalistes membres de l'Opus Dei sont Paul Waters, chroniqueur de voyage à The
Gazette, Alexander Farrell, vice-président et rédacteur en chef de Reader's
Digest en anglais, et Fernando Mignone, qui a travaillé pour CTV à Toronto
et agit maintenant comme correspondant pour des médias hispanophones, lorsque
ses activités de porte-parole de l'Opus Dei le lui permettent.
En 1988,
Waters aurait tenté d'influencer ses collègues de la salle de rédaction, en
particulier une jeune femme, au sujet de l'avortement. Un rapport d'activités à
son directeur spirituel a été intercepté et lu dans la salle de rédaction, avec
les réactions qu'on imagine ! Waters ne nie pas mais affirme avoir été mal
interprété : « Je ne dirais pas à un journaliste quoi écrire; je l'amène plutôt
à réfléchir à ce qu'il fait. Je ne ferais rien contre l'éthique journalistique.
»
Objet
d'articles et de dénonciations d'ex-membres - comme le père Vladimir Felzmann,
adjoint à l'archevêque de Westminster, le Dr John Roche de Grande-Bretagne,
l'historien catalan Raimundo Pannikar -, l'Opus Dei tolère mal la critique. En
Espagne, où son influence est la plus forte, elle est intervenue pour empêcher
la diffusion d'émissions ou d'articles. Ainsi, en 1979, l'hebdomadaire
catholique Vida Nueva sortait avec huit pages blanches : l'Opus Dei
avait fait des pressions pour empêcher la publication d'un article de fond à
son sujet.
« Les
ennemis de Dieu ne méritent pas notre tolérance », a dit Mgr Portillo lors
d'une visite à Montréal en 1988. Face aux critiques, la réaction typique des
dirigeants est de nier en bloc, de tenter de détruire la crédibilité du
journaliste ou de l'ex-membre qui témoigne, ou même de poursuivre en justice.
En 1977, devant un tribunal de Séville, un prêtre de l'Opus Dei et cinq autres
membres ont admis avoir diffamé un ex-numéraire qui avait fait des révélations
sur l'Oeuvre. (Il existe un petit ouvrage, Opus Dei, sur l'organisme et son
fondateur dans la collection « Que sais-je? ». Son auteur, Dominique Le
Tourneau, est un membre de l'Opus. Cette information n'est toutefois pas
mentionnée dans le livre, fort élogieux.)
En 1987, le
sénateur Jacques Hébert et le Mouvement laïque québécois ont réussi à bloquer
au Sénat le projet de loi S-7, piloté par le sénateur Rhéal Bélisle, qui visait
à donner plus de pouvoirs au leader de l'Opus Dei. Me Caparros affirme
aujourd'hui qu'« Hébert a manipulé Paul-André Comeau », alors rédacteur en chef
du Devoir qui couvrait le débat. Comeau, aujourd'hui président de la
Commission d'accès à l'information, se dit estomaqué de l'accusation mais préfère
ne pas commenter.
En 1981, peu
avant que Jean-Paul II accorde un statut particulier à l'Oeuvre, le prêtre
catholique et auteur américain Andrew Greeley sonnait l'alarme : « L'Opus Dei
est désespérément affamée de pouvoir absolu au sein de l'Église catholique et,
probablement, très près de posséder ce pouvoir. »
« La Sainte
Église est comme une grande armée », a écrit le fondateur de l'Opus Dei. Dans
cette armée de croisés, pas de place pour les demi-mesures : « Nous, nous
n'échouons jamais. » Les catholiques qui ne veulent pas combattre sont « des
vaincus, des soumis, des sans-foi, des déchus comme Satan ».
LES TROUPES
DE CHOC DU PAPE
L'élection
de Jean-Paul II a donné un second souffle à l'Opus Dei.
L'Opus Dei
est la troupe de choc du pape Jean-Paul II dans sa croisade pour réévangéliser
le monde, en particulier sur des questions comme l'avortement, la
contraception, le divorce ou le rôle des femmes, avec d'autres groupes de
droite comme Communion et Libération, les Légionnaires du Christ, Legatus, etc.
En Amérique
latine, on a muselé ou remplacé les « théologiens de la libération », qui
appelaient à une plus grande justice sociale, par des sympathisants de l'Opus
Dei, en particulier au Chili et en Argentine, mais aussi au Brésil et au Pérou.
En tout, 13 évêques de l'Opus oeuvrent en Amérique latine.
« Sous
Jean-Paul II, l'Église a amorcé un net virage à droite », dit Jean-Guy Vaillancourt,
professeur de sociologie des religions à l'Université de Montréal. M.
Vaillancourt a noté en même temps l'ascension de l'Opus Dei dans l'Église.
Au Vatican,
l'Opus Dei est présente dans plusieurs « ministères » : la Congrégation pour le
clergé, le Conseil pour l'interprétation authentique des textes légaux, la
Congrégation pour la doctrine de la foi, etc. Plusieurs nonces apostoliques («
ambassadeurs » du Vatican à l'étranger), en Allemagne, en Hongrie, en Irak, en
Lituanie et en Estonie par exemple, sont membres de l'Opus. Tout comme le
porte-parole du Vatican, Joaquim Navarro-Valls, un ex-journaliste espagnol. Et
comme les deux experts nommés par le pape après le scandale du Banco Ambrosiano
pour faire le ménage dans les finances du Vatican. De plus, par son Université
Santa Croce, l'Opus Dei offre des services de consultation pour différents
services du Vatican. En tout, une centaine de membres de l'Oeuvre gravitent autour
du pape.
Jusqu'à la
mort d'Escriva en 1975, l'Opus Dei a connu une expansion fulgurante dans une
cinquantaine de pays. Selon un document interne, l'Opus pouvait compter en 1979
sur 72 375 fidèles actifs dans 479 universités et écoles supérieures, 604
publications, 52 stations de radio et de télévision, 38 agences d'information
et de publicité, ainsi que 12 sociétés de production et de distribution de
films.
L'élection
de Jean-Paul II, en 1978, a donné un second souffle à l'Opus Dei. En 1982,
malgré un avis défavorable de 55 des 64 évêques membres de la Commission
épiscopale espagnole, il donnait à l'organisme le statut de « prélature
personnelle ». Ce statut la soustrait pratiquement au pouvoir des évêques
locaux. L'Opus possède son propre prélat (président-directeur général), ses
statuts internes, bref une grande autonomie. « Une Église dans l'Église »,
murmurent ses opposants.
Le pape a
décidé de béatifier Mgr Escriva de Balaguer en un temps record. A titre de
comparaison, le lobby pour la béatification de Jean XXIII, un pape populaire
mais progressiste, avait commencé avant celui pour Balaguer et pourtant le cas
est toujours en suspens. Une coalition de 80 groupes catholiques espagnols a
demandé l'annulation du procès de béatification, arguant que Mgr Escriva est un
« saint pour millionnaires » ! Certains l'ont décrit comme un être
charismatique, attachant mais imbu de lui-même et réactionnaire. Il avait
demandé et obtenu le titre de marquis de Peralta.
Pour faire
béatifier son fondateur, l'Opus Dei devait faire la preuve d'un miracle
attribué à Balaguer. Et comme par hasard, le chef du comité médical responsable
de l'évaluation des miracles, le Dr Rafaello Cortesini, est membre de
l'Opus Dei...
De bonnes informations ici, je voudrais partager avec vous toute mon expérience en essayant d'obtenir un prêt pour développer mon entreprise de vêtements ici en Malaisie. Il était vraiment difficile pour mon entreprise de tomber à cause de ma petite maladie de courte durée, puis quand j'ai été guéri, j'avais besoin d'un fonds pour le reconstituer pour que je puisse commencer, j'ai donc rencontré M. Benjamin, un consultant consultant en prêts au Le_Meridian Funding Service. moi de mon projet d'entreprise et je lui ai dit que j'en possédais déjà un et j'avais juste besoin d'un prêt de 200,000.00 USD il m'a donné un formulaire à remplir et je l'ai fait aussi il m'a demandé ma pièce d'identité valide dans quelques jours Ils ont fait le transfert et mon prêt a été accordé . Je veux vraiment apprécier l'effort que vous essayez également de faire parvenir à toute personne à la recherche d'un prêt commercial ou d'autres problèmes financiers pour contacter Le_Meridian Funding Service par e-mail: lfdsloans@lemeridianfds.com / lfdsloans@outlook.com Il est également disponible sur WhatsApp Contact: +1 -9893943740.
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